Les rapports entre la publicité et l’art

Les rapports entre la publicité et
l’art sont souvent victimes de critiques qui tendent à réduire la
production publicitaire à un art mineur ou même à la rejeter. La
publicité introduit dans l’ordre établi de l’art une irrésolution qui
n’est pas prête d’être surmontée mais qui peut s’avérer féconde pour
l’esprit critique. Les premières affiches publicitaires datent du XIX e
siècle. Elles permettent, grâce à la combinaison d’une information
écrite et d’une illustration, d’imposer l’idée d’un produit ou d’une
idée politique ; pour l’illustration, on faisait alors appel à des
artistes comme Daumier, Manet, Garvani... Ce sont donc des créateurs
connus qui réaliseront les premières affiches publicitaires, et les
cubistes sont les premiers à avoir exploité la publicité à travers
leurs œuvres, notamment Robert Delaunay dans L’équipe de Cardiff,
peinture réalisée en 1913.

Les années d’après-guerre ont été
marquées par une consommation de masse de produits alimentaires,
d’objets et de divertissements. Beaucoup d’artistes ont intégré dans
leurs œuvres picturales des objets ou des éléments appartenant à cette
nouvelle culture pop, créant ainsi le Pop Art. Ce mouvement naît à
Londres dans les années 1950, regroupant des artistes tels que
RichardHamilton, Peter Blake et bien d’autres. Ces artistes célèbrent
la vitalité de la culture populaire et critiquent la consommation
effrénée d’objets manufacturés.
Dans les années 1960 , les artistes vont puiser dans le paysage urbain
et dans son décor publicitaire : les boites de Coca-Cola ou de soupe
Campbell vont soit devenir des éléments de nature morte, soit être
utilisées telles quelles en tant que “ready-made”. Dans les œuvres pop
art, la présence d’une boite de Coca-Cola, par exemple, tient de la
provocation car l’emballage standard est à lui seul une promesse de
destruction.

Les œuvres présentées dans cette
exposition témoignent du rapport des artistes à la publicité et
permettent aux spectateurs de s’interroger sur la nature des relations
entre l’art et la publicité à notre époque.
De la sculpture en passant par la photographie jusqu’à la vidéo, chaque
artiste tente de traduire sa vision du monde des médias et de la
publicité. Certains dénoncent la société de consommation ( Klaus
Staeck, Affiches), ou encore le pouvoir des médias sur les masses (
Wang Du, il y a des jambes qui en disent long). En référence aux œuvres
d’Andy Warhol, figure emblématique du mouvement pop art, on retrouve
l’oeuvre de Ernest T. Dash 3. D’autres artistes ont utilisés la
démarche publicitaire afin de financer leur propre projet, c’est le cas
de François Curley avec Objet publicitaire et de Gilles Mahé avec
Gratuit. Christoph Rutimann ( The Great Sleep ) et Claude Closky ( 2000
bouches à nourrir, et Pruneaux d’Agen), quant à eux, traduisent le
sentiment de saturation ressenti face “au matraquage” d’images
publicitaires dans la vie quotidienne.
Ces œuvres incitent le spectateur à s’interroger sur la place et les
statuts de l’art et de la publicité de nos jours, et sur les
conséquences que celle-ci peut avoir sur notre mode de vie...
Audrey RICHARD & Émilie POUJADE

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