René Magritte 1898-1967 La Mémoire 1948
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René Magritte 1898-1967 La Mémoire 1948
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René Magritte 1898-1967
La mémoire 1948
Un ciel d’azur empli de nuages couvre une mer bleue et calme. Une tête de femme en plâtre (ou de marbre) les yeux clos est posée, de face, à droite du tableau, sur un parapet. La moitié de son visage est dans l’ombre. Une tache de sang recouvre une partie de sa paupière et s’étend sur sa joue. Sur la partie droite du tableau un pan de rideau rouge sombre tombe en plis droits et se poursuit derrière la tête. A gauche un objet sphérique divisé en deux et une feuille verte ondulée sont également posés sur le parapet.
Le ciel est serein, les nuages flottants, la mer calme et le visage posé. Tout dans le tableau respire a priori une certaine quiétude. Seule la trace de sang vient entacher cette paix apparente d’un rouge vif qui tranche avec la pâleur du visage et contraste avec la couleur verte de la feuille.
La tête au premier plan du tableau est coupée à la base du cou. La tache de sang évoque le mouvement tandis que la tête donne l’image d’une certaine fixité. Le rideau rouge sombre délimite une partie du tableau. Le bord du rideau se prolonge par la raie de la chevelure, le nez, les lèvres, le menton et enfin par une éraflure sur le parapet, dans le bas du tableau. Le parapet lui-même est séparé en trois parties. Sur celle du milieu est posée une feuille séparée de l’arbre ou de la tige. La légèreté de la feuille contraste avec l’apparente lourdeur de la tête. L’objet sphérique, il s’agit d’un grelot, est lui-même séparé en deux demie-sphères distinctes. Cette ligne de séparation se retrouve sur celle qui délimite le rebord du parapet. Le grelot a la même texture que la tête, on pourrait croire qu’il est lui aussi en pierre. De plus sa forme rappelle de manière stylisée l’oeil de la tête.
Tous ces signes iconiques rassemblés, on pourrait dire convoqués, par Magritte évoquent la séparation, la coupure accentuées par les lignes verticales du rideau et celle de la ligne d’horizon. Et puisqu’il est question de coupure, il y aussi nécessairement du sang, même si aucune blessure n’apparaît sur la tête.
Les trois éléments sont donc coupés de leur contexte et par là même isolés : une tête sans corps, une feuille sans arbre, et un grelot sans rien à quoi être attaché. On pourrait parler ici de solitude des signes. Les trois objets sont féminins : la tête de femme, la feuille, et le grelot si on le considère comme un symbole matriciel (la forme sphérique s’apparentant au ventre et l’élément métallique à l’intérieur étant l’embryon).
La prolifération de nuages dans le ciel ainsi que les légères ondulations à la surface de la mer suggèrent l’idée de mouvement qui accentue d’autant plus l’aspect figé des éléments au premier plan.
La perspective du tableau semble aller vers l’infini et incite à une plongée du regard au-delà des trois signes mis en avant. Mais ce décor, cette toile de fond, pourrait tout aussi bien être un trompe-l’oeil. L’aspect presque trop réaliste du paysage à l’arrière-plan contraste avec les éléments "surréalistes" du premier plan.
La vision d’ensemble nous apparaît comme au travers d’une sorte de fenêtre par laquelle nous verrions ce ciel et cette mer. Mais s’il s’agissait d’une fenêtre, ce rideau devrait, logiquement, passer par-dessus le parapet, de notre côté, du côté du spectateur... alors qu’ici le rideau est à l’intérieur, de sorte que tout ce paysage semble être au-dedans d’une pièce. En fait c’est nous qui sommes à l’extérieur et notre regard voit le ciel et la mer dans une pièce ou un autre espace. La présence du rideau évoque l’idée de théâtralité de cette représentation. Il pourrait s’agir d’une mise en scène d’un drame, lié à la coupure, à la séparation, drame intérieur car se déroulant à la fois au bord et dans un espace délimité.
Les éléments présents dans le tableau font partie du "cabinet de curiosités" de Magritte. Les mêmes objets reviennent souvent dans ses oeuvres, tantôt démesurés ou miniaturisés, ils sont en tout cas toujours détournés de leur fonction initiale. La mise en scène de ces objets empruntés à la réalité doit avant tout, selon Magritte, provoquer "un effet poétique bouleversant".
Le parapet
Elément intermédiaire entre le spectateur du tableau et le sujet représenté, il apparaît comme un seuil invitant à un franchissement. Sa matière lourde en fait une sorte de socle de l’ensemble de l’oeuvre.
Le rideau
Associé au parapet, le rideau donne l’illusion d’une fenêtre par laquelle on pourrait se pencher pour voir l’autre côté. Le rideau révèle ou dissimule. Il donne un effet théâtral à chaque représentation voulue par le peintre.
Le grelot
Icône récurrente dans toute l’oeuvre de Magritte le grelot évoque l’enfance et le mystère : "les grelots de fer pendus aux cous de nos admirables chevaux, je préférais croire qu’ils poussaient comme des plantes dangereuses au bord des gouffres".
Symbole matriciel, le grelot de Magritte sonne rarement. Son apparence évoque étrangement quelque chose de silencieux car n’étant rattaché à rien, aucun mouvement n’est susceptible de le faire sonner. Le grelot, lorsqu’il est accroché au cou d’un animal ou bien lorsqu’un enfant joue avec, signale une présence. Sa position ici ferait plutôt penser le contraire : il serait le signe d’une absence. Il apparaît en même temps comme un signe intermédiaire, un objet entre deux mondes : une moitié du grelot est posé sur le parapet, l’autre se découpe sur fond de mer.
La feuille
Dans la peinture de Magritte la feuille subit elle aussi des transformations : feuille oiseau ou feuille à grelots, elle est parfois le seul vestige du monde végétal. La feuille ici représentée dans sa plus simple expression, est avant tout féminine. Elle évoque la légèreté et la fragilité.
La tête de femme
La femme est aussi l’objet de transformation diverses de la part de Magritte : mi-humaine mi-statue, femme-poisson, femme démembrée, femme à tête de sexe, en général il se dégage de ces représentations un érotisme froid mêlé d’un sentiment d’étrangeté. La tête féminine est ici riche de connotations diverses.
Le sang
La couleur rouge est assez rare dans l’oeuvre de Magritte tout comme le sang d’ailleurs. Apposé sur le visage de pierre il donne l’impression que la tête possède une vie propre.
Les nuages
Omniprésents chez Magritte les nuages sont souvent utilisés comme un fond de décor. Leur présence relativement discrète incite plutôt à se préoccuper de ce qui est représenté au premier plan.
La mer
La plupart des scènes des tableaux de Magritte s’ouvrent à la fois sur la mer et le ciel. "La mémoire" n’est donc pas un cas isolé. Pourtant, au vu de la présence de symboles féminins dans ce tableau, la mer apparaît ici comme un symbole maternel.
Ceci n’est pas "La mémoire"
A propos de ce tableau Magritte a écrit ceci : "... le tableau n’est pas l’illustration des idées suivantes : quand nous prononçons le mot mémoire, nous voyons qu’il correspond à l’image d’une tête humaine. Si la mémoire peut occuper une place dans l’espace, ce ne peut être qu’à l’intérieur de la tête. Ensuite, la tache de sang peut éveiller en nous la supposition que la personne dont nous voyons le visage a été victime d’un accident mortel. Enfin, il s’agit d’un événement du passé, qui reste présent dans notre esprit grâce à la mémoire".
Si le tableau "n’est pas" l’illustration des idées évoquées par le peintre que représente-t-il ? L’affirmation de Magritte semble reprendre l’idée de son tableau "Ceci n’est pas une pipe". Il faudrait plutôt poser la question autrement, telle que Magritte lui même la formule dans l’un de ses écrits sur la peinture : "Qu’est-ce qui représente ce tableau ? (...)
C’est celui qui regarde, qui représente le tableau, ses sentiments et ses idées représentent le tableau."
wafa-
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