Le Parfum-affiche

LE PARFUM : un film de Tom Tykwer
Le Parfum :l’histoire d’une quête identitaire.
Analyse de l’affiche
_

...
Nous y voyons aisément une jeune femme rousse vue en plongée comme pour suggérer la chute et la mort. Sur le plan des couleurs, l’affichiste associe une non-couleur le blanc (innocence, spiritualité, chasteté, pureté) à une couleur primaire le rouge ( sang, passion, violence, crime) comme pour suggérer l’innocence du meurtrier.
La source lumineuse (blanche) semble venir de la partie droite supérieure du tableau (justice, positivité, droiture) ;elle fonctionne comme une sorte de « projecteur plongeant » et semble vouloir dominer l’image et estomper (voire escamoter) la couleur rouge comme pour innocenter le meurtrier et le blanchir de ses fautes.
La couleur rouge semble se dissoudre vers le bas de l’affiche et se confondre vertigineusement avec la chevelure du personnage féminin, comme pour dire que les cheveux sont le motif premier du meurtre et sont là pour quelque chose ! Ces cheveux qui sont en boucles pourraient renvoyer à l’histoire elle-même, qui commence et se termine comme une boucle, dans le même lieu et avec le même personnage. Il est aussi intéressant d’ajouter que les formes en boucles donnent le vertige (la perte momentanée de la conscience) : notre héros est-il est conscient de ce qu’il fait? Ne serait-il pas plus juste de dire qu’il n’est pas responsable de ses actes ? Le héros est sans repère ; il part donc à la recherche de ce repère, de ce centre géométrique, de son essence :
le Parfum.
Il est à noter que le mot « essence » est polysémique ( Le Petit Robert :essence du latin. Philos. essentia, 1. ce qui constitue la nature d’un être/ 2. substance aromatique, essence de lavande, de violette..). L’essence de l’être peut-elle donc correspondre à cet arome, à ce parfum ? La quête du parfum correspond en fait à une quête d’identité.
La ligne diagonale ( celle qui se confond avec le bras gauche écarté de la jeune femme) semble diviser l’image en deux parties : l’image obéit donc à une structure antithétique qui se lit également dans le choix des couleurs dominantes (rouge/blanc). L’oblique contraste aussi avec l’orthogonal (la fleur et la chevelure de la femme qui se dirigent perpendiculairement vers le bas de l’affiche). Cette asymétrie n’est-elle pas en rapport avec la nature du personnage : un personnage anormal, et qui semble s’écarter du commun des mortels.
Le bras gauche du personnage s’écarte du reste de son corps et semble fonctionner comme une flèche directionnelle qui nous oriente vers un détail important : la fleure éclose. Ce détail peut aussi nous renseigner sur l’itinéraire suivi par le héros et sur son objectif final ; la fleure , le parfum et non pas la femme en elle-même.
La fleure que la jeune femme tient de sa main gauche recèle tout le sens du film : dans ce film l’odeur est reine et omniprégnante.
Un détail important : la figure de la femme est sereine ; il n’y a même plus une tache de sang sur sa peau ou sa robe, ce qui pourrait faire penser que le but ultime du meurtrier n’est pas de violer, de posséder ou de défigurer la victime : le héros part à la quête du parfum, de son essence de son être profond et non pas à la conquête d’un être féminin.
Le héros n’apparaît pas sur l’affiche ; il est absent mais présent à travers l’acte du meurtre qui est le moteur de cette histoire. Cette absence est aussi significative : le spectateur découvrira que le héros n’a pas d’odeur, n’a pas de famille… d’identité.

Le titre : pourquoi parfum et non pas odeur ?

En fait on entend souvent parler d’une mauvaise odeur, d’une odeur nauséabonde mais le mot parfum (Le Petit Robert : une odeur agréable et pénétrante) est souvent connoté positivement et c’est ce qui explique la présence d’une fleure dans la partie inférieure de l’affiche ; les fleures produisent des senteurs, des essences, des odeurs agréables. Le parfum et l’odeur se feront sentir dans tout le film. Les spectateurs sont donc appelés plus à sentir qu’à voir.
On peut lire deux titres sur l’affiche : Le Parfum et L’histoire d’un meurtrier. Les deux titres s’interpellent et appellent le lecteur-spectateur à réfléchir, à tisser des liens entre le thème du parfum et du meurtre. Il est à noter que le mot Parfum est précédé d’un article défini « le ». Ce n’est pas donc n’importe quel parfum ! le héros est à la recherche d’un parfum précis, d’une essence précise, seul salut à la fin de l’histoire.
Doit-on enfin condamner à mort le meurtrier ? Est-il méchant ou innocent, criminel ou victime, moral ou amoral ? Suscite-t-il la pitié ou le mépris ? Il suffit d’avoir comme le héros un sens olfactif très fort avant de décider de regarder le film et avant de décider du sort du héros ?

...

...